Pour mémoire,
Le manifeste des 343 salopes
En 1971, Simone de Beauvoir a rédigé un texte paru dans les colonnes du Nouvel Observateur, au travers duquel 343 femmes disaient haut et fort qu’elles avaient eu recours à l’avortement. C’était « le manifeste des 343 salopes », signé par de nombreuses personnalités, dont Catherine Deneuve, Marguerite Duras, Jeanne Moreau, Agnès Varda… Le texte disait ceci :
« Un million de femmes se font avorter chaque année en France. Elles le font dans des conditions dangereuses, en raison de la clandestinité à laquelle elles sont condamnées, alors que cette opération, pratiquée sous contrôle médical, est des plus simples. On fait silence sur ces millions de femmes. Je déclare que je suis l’une d’elles. Je déclare avoir avorté. De même que nous réclamons le libre accès aux moyens anticonceptionnels, nous réclamons l’avortement libre ».
un blog : http://blog.jevaisbienmerci.net/
L'appel :
Plus de 200 000 femmes avortent chaque année en France.
Cet acte, pratiqué sous contrôle médical, est des plus simples. Pourtant, le parcours des femmes qui avortent, lui, l'est de moins en moins :
Le droit à l'IVG est menacé : en pratique, par la casse méthodique du service public hospitalier, et dans les discours, car l'avortement est régulièrement présenté comme un drame dont on ne se remet pas, un traumatisme systématique.
Ces discours sur l'avortement sont des slogans éloignés de ce que vivent la grande majorité des femmes, ils ont pour but de les effrayer et de les culpabiliser.
Nous en avons marre que l'on nous dicte ce que nous devons penser et ressentir.
Depuis le vote de la loi Veil en 1975, a-t-on cessé de prédire le pire aux femmes qui décident d'avorter ?
Nous en avons assez de cette forme de maltraitance politique, médiatique, médicale.
Avorter est notre droit, avorter est notre décision. Cette décision doit être respectée : nous ne sommes pas des idiotes ou des inconséquentes. Nous n'avons pas à nous sentir coupables, honteuses ou forcément malheureuses.
Nous revendiquons le droit d’avorter la tête haute, parce que défendre le droit à l’avortement ne doit pas se limiter à quémander des miettes de tolérance ou un allongement de la corde autour du piquet.
Nous disons haut et fort que l'avortement est notre liberté et non un drame.
Nous déclarons avoir avorté et n’avoir aucun regret : nous allons très bien.
Nous réclamons des moyens pour que le droit à l’IVG soit enfin respecté. Nous réclamons son accès inconditionnel et gratuit mais également la liberté de faire ce que nous voulons de notre corps sans que l'on nous dise comment nous devons nous sentir.
à signer ici : http://jevaisbienmerci.net/index.php
Qui sommes Nous et Pourquoi cet Appel ?
Qui sommes-nous ?
Nous sommes un collectif, les filles des 343, formé par des militantes féministes d’âges et d’origines diverses, copines de blogs, appartenant pour certaines à des organisations ou associations féministes et/ou de gauche de la gauche. Nous nous sommes retrouvées autour de la même exaspération : le discours faisant de l’avortement un drame, un traumatisme dont on serait censées ne jamais se remettre.
Nous avons avorté, et nous allons bien : nous avons décidé de le dire.
Pourquoi cet appel et ce blog ?
(Lire l’appel : http://jevaisbienmerci.net/)
Le 5 avril 1971, paraissait le Manifeste des 343, http://blog.jevaisbienmerci.net/le-mani ... -343-1971/. 343 femmes déclarant en toute illégalité, avoir avorté pour s’opposer à une situation inique obligeant les femmes à avorter par leurs propres moyens, quitte à en mourir.
Le manifeste des 343 a sorti l’avortement du silence des cliniques privées étrangères que pouvaient se payer certaines femmes, et des appartements miteux où les plus pauvres allaient trouver les « faiseuses d’anges ».
Cet acte de désobéissance civile a rendu l’avortement visible et en a fait une question politique. Il a obligé les politiques à voir en face les mortes et les estropiées que sa loi absurde avait enterrées. Il a obligé les politiques à regarder l’avortement en face.
40 ans plus tard, où en est-on avec l’avortement ?
Du droit à disposer de son ventre… au droit à disposer de son ventre ET de sa tête !
Si en France, on ne meure plus en avortant depuis 1975, en revanche, on est encore sommée d’en crever… de honte et de culpabilité.
Depuis le vote de la loi Veil en 1975, a-t-on cessé de prédire le pire aux femmes qui décident d’avorter ?
« On voudrait crier.
L’avortement libre et gratuit c’est : cesser immédiatement d’avoir honte de son corps, être libre et fière dans son corps comme tous ceux qui jusqu’ici en ont eu le plein emploi ; ne plus avoir honte d’être une femme. » (Manifeste des 343, 5 avril 1971)
C’est ce que nous, filles des 343 réclamons aujourd’hui.
Une majorité de médias, de politiques, de médecins présentent sans cesse l’avortement comme un drame et un traumatisme dont on ne se remettrait pas : ces discours sur l’avortement sont des slogans éloignés de ce que vivent la grande majorité des femmes, ils ont pour but de les effrayer et de les culpabiliser.
Nous en avons marre que l’on nous dicte ce que nous devons penser et ressentir.
Nous en avons assez de cette forme de maltraitance politique, médiatique, médicale.
Nous disons haut et fort que l’avortement est notre liberté et non un drame.
Nous déclarons avoir avorté et n’avoir aucun regret : nous allons très bien.
Libérer notre parole sur l’avortement
C’est la raison d’être de cet appel et de ce blog :
■ Faire enfin émerger la parole des femmes qui ont avorté et qui vont bien. Cette parole est trop souvent passée sous silence.
■ Faire entendre un autre discours pour que les femmes puissent enfin ne plus se sentir coupables de ne pas souffrir d’avoir avorté.
■ Permettre aux femmes qui ont avorté et l’ont mal vécu de voir que ce n’est pas une fatalité, que la pression qui pèse sur nos épaules et nos ventres contribue à rendre les femmes malheureuses.
■ Faire comprendre que ces discours dramatisant l’avortement peuvent jouer comme des prophéties auto-réalisatrices : lorsqu’on croit que l’avortement ne peut être vécu autrement que comme un drame, comment bien le vivre ?